samedi 3 mars 2007

La crapahute espagnole* [tome 1]

Le parfum de vadrouille des sacs de voyage.

Six heures du mat', je me sentais la tête dans le brouillard, et y'avait cette sacré odeur qui me titillait la narine.

Je me disais, ça peut-être que ça, on se fait la malle, ciao amigo, la Lune c'est pour nous, dans le quart d'heure on se casse.

J'avais pas une tête de routard, pas le genre de nana à barouder peinard dans la forêt amazonienne, divergeant sur les moeurs du serpent à sonette.

J'étais une rêveuse moi, version fillette un peu naïve, film photo dans une main, sourire dans l'autre. J'avais juste un appétit fou, envie de bouffer la terre entière, d'entamer le paysage, puis un amoureux aussi, ce truc doux et drôle que c'est comme si ça sortait d'une pochette surprise.

Donc l'amoureux, l'appétit et moi, tous ça mis bien ensemble et secoué obligemment (en y ajoutant quelques pépettes forcément, car c'est bien beau de rêver d'se barrer mais le sytème condamne à se régimer le porte monnaie avant), ça nous a donné ça:

le formule 1 de Paris Beauvais, chambre 240.

Pas fameux comme destination, bien que par chance on puisse disposer de canal +, ce qui nous a permis de ne pas nous forcer à nous poser des questions stupides pour combler les blancs**.

Mais enfin c'était la première étape, et en me réveillant ce matin là dans les bras de mon amoureux dans un lit défait dans la chambre 240 dans le formule 1 dans la pire ville glauque du toute la France du Nord, je sentais cette chouette odeur d'aventure qui s'échappait de nos sacs plein à craquer et je me trouvais la plus veinarde de ce bout de planète.

Puis ensuite, après les formalités usuelles, on avait embarqués à bord d'Air Lidl, destination Espana olé olé.

On avait les yeux explosés de béatitude heureuse (et un petit peu de fatigue genre crevé à bailler cinquante fois de suite, c'est que la nuit avait été courte) (à cause de canal + biensur, on avait été sage évidemment maman ne t'inquiètes donc pas tant), et puis on se marrait en voyant l'hotesse de l'air faire sa choré débile de "on va tous muuurir, toi aussi, moi aussi".

Atterrissage, tout le monde applaudit, moi j'ai le coeur qui me fait boum boum et l'amoureux un bisou.

Après un passage dans un car (oui le même que celui qui nous transportait quand on était môme et qui nous raptait chaque matin sur la place du village, nous tous attendant sagement à côté de l'abribus, rangés autour du lampadaire, même quand il pleuvait des cordes et des chiens et des chats) on était arrivé à Barcelone.

Si j'avais connu l'hymne national espagnol, je crois qu'à ce moment même je l'aurais chanté, tellement j'avais le coeur le ventre les tripes... tout ça content!

La première journée, on a joué à la famille tortue, y'avait un machin communément appelé sac qui nous avait poussés dans le dos et qui voulait pas nous lâcher. On était crevés, on avait mal partout, on était heureux comme des glaces au chocolat brillant dans les yeux d'un mioche.

Alors on a déambulé en tortue dans toute la ville, souriant à tous les passants parce que c'était des espagnols, ça tombait bien d'ailleurs pour le coup, et se tenant la main parce que décidément on s'aimait bien l'amoureux et moi.

On s'est fait les Ramblas, le bord de mer, des petites rues jolies, puis un Mac Do pour se la jouer touristes américains accrochés aux valeurs sûres (hihihi c'est pas nous ça en vrai) mais surtout parce qu'on avait faim et qu'on était pauvres et qu'on en rêvait comme des abrutis l'amoureux et moi.

On a fini par échouer sur le port à picorer du pops corn en effrayant les pigeons.

On était bien, y'avait la mer, du vent, du soleil, tout ce qu'il faut pour se sentir léger, et grand et le coeur à la chamade que tout soit si parfait si beau comme qu'on se serait dit dans un film sur un écran de ciné.

Puis comme la nuit tombait, (pouf comme ça, rien vu venir, cassée la gueule sur le soleil, c'est des rapides en espagne!), on a repris le chemin pour dénicher notre cabane.

On nous avait dit "muy facil, muy facil", donc si c'était muy facile répété deux fois c'est que ça devrait vraiment se trouver les doigts dans le nez. Et finalement c'était loin pour se les fourrer dans le nez, les doigts, puis avec nos sacs comme remplis de rochers, ca semblait se déplier en kilomètres infinis.

Numero 306 il avait dit Dani, on n'était qu'au 1O0 après une demi heure dans la bonne rue, voilà qui nous motivait complétement.

Enfin, on était devant la porte, des patisseries dans les mains et un pot de rillettes accroché au sac à dos pour qu'il chauffe pas trop.

Nous attentions que l'on nous ouvre, sans savoir qu'après avoir franchi trois portes nous allions débarquer en plein mai 68, cheveux longs, pétards, vinyles de vieux rock et guitare séche, flower power et joyeux bordel...






* J'avais aussi pensé à "les vacances de l'amour", mais on m'a dit que c'était déjà pris. Dommage...
** Pour les abrutis ou les trop gentils, c'est de l'humour!




2 commentaires:

Anonyme a dit…

Wahouh!

Anonyme a dit…

Vivement le tome 2.
Merci pour ce voyage magique.