mardi 27 février 2007

Figures d'encre

Non.
Moi n'a pas de visage.
Finalement, moi est en dehors du portrait, au-delà.

Ni bouche en interrogation,
ni regard gourmand,
ni cheveux éparpillés.

Rien de tout ça.

Pas de crayon aiguisé,
pas de figuratif,
de décoratif,
de sédatif
pour contemplateur blasé.

Les traits de fusain qui donnent un être au jour, on oublie,
les carnets de croquis, on les enterre.

Tout cela, ces visages peints, crayonnés ou esquissés,
on les range dans le souvenir,
mal à poussière,
malle à lumière.

Pas un visage, pas de figure,
mais des faces retournées,
des facettes, des faces B.

Une multiplicité de visages,
projetés à l'infini.

Un puit de représentation,
de ce moi insaisissable.

Moi n'est pas Je.

Moi est arbre et Terre-Mère au sein nu,
crayon bonhème mine cassée,
pierre de Lune,
trait de pluie,
et déchirement, aussi.

Moi est elles, toi et lui.


Moi est nous si tu le veux.

Moi devient la feuille où l'on émiette un peu de soi,
le pinceau baladeur qui trace les songes,
la douleur encre de Chine qui colore le temps,
les amours miraculées que l'on recolle sur le papier.

Un carambolage à main levée,
hold-up chromatique sans retenue aucune.


Moi.

Ce foutoir ambulant.
Cet air joyeux.

(comme tu dis, ce regard et ce sourire qui cachaient tout cette peine)

Moi est un Je.
Peinturluré et rêveur à la pointe de l'art.

Moi est un Jeu.
A vous, miroyeurs volages,
d'y voir ce qui y brille.
(le bonheur en clignotant, foue ses rayons sur les toits)
(de la démesure, j'te dit, de la démesure)

dimanche 18 février 2007

L'abandon

La nuit tombe.
Mes yeux ne peuvent se détacher du ciel mourant.

Pourquoi j'ai les yeux flous, je sais pas.

Peut à peu, tout s'obscurcit.
C'est follement beau.

Je tente de retenir la lumière.
J'ai pas envie que tout s'éteigne.

Ce ciel-là devient ma vie.
La vie qu'il vous faut saisir, bouffer par tous les coins, aimer à en chialer.
Aspirer avant qu'elle ne nous aspire.

Je dévore l'immensité du ciel.
Je la souffle à la paille.
C'est de l'encre, tellement d'encre que devant un tel spectacle je ne sais qu'écrire.
Barbouiller mes yeux mon nez ma bouche de tous ces mots à la plume.

Mais rien ne redonne la beauté de ce ciel.
Rien n'est assez fort pout l'évoquer, jamais.


Bientôt, je verrai naître les étoiles.
Encore une fois, je me sentirai toute petite, inutile, vaine...

Mais je sentirai aussi comme un frisson.
Le sentiment de la vie, qui bouillonne, ruiselle en moi.

De l'encre dans mes mains,
de l'odeur de la Terre.

La nuit tombe, la nuit s'écroule.
Elle revêt le monde de ses noirs atours.

Je me sens impuissante.
Te relever mon obscurité, te relever de toutes mes forces,
mais tu sais je m'écrase avec toi.

Non, je n'y comprends rien.
La vacuité de nos âmes ce soir me glace.

Longuement.

La nuit est tombée.
Elle s'est cassée la figure, juste au coin de ma fenêtre.

Attraction terrestres.
Pourquoi c'est toujours vers le bas que l'on est attiré?
Par quelle force? Quelle faiblesse, plutôt?

Il fait noir.
Je me sens absente à moi même.

c'est vers lui qui je vole, me téléporte, m'arrache.

Il fait noir, et personne ne peut voir mes larmes couler.
Silencieuses, diaphanes.

Je m'abandonne...

C'est dure de se sentir si minuscule, si impuissante.

Tellement à demi.

Je plane, loin...

Etoile et murmures

Merci.

Le mot précieux.
A ne pas gaspiller.

Je fais une petite parenthèse, dans ce blog en pagaille.

Une pause maladroite, où je sens que ma prose coule mal, qu'elle s'extrait en contre-balancé, en salto raté et tremblements.

Je ne pensais pas te raconter ça.
Mais tu m'inspires en grand.

(t'es mon secret)

Des fois j'ai l'impression que tu m'évites, que tu creuses une tranchée entre toi et moi.
Mais ce soir, tu étais là.

Ce soir tu m'a écoutée.

Si je te dis que j'aimerais passer plus de temps avec toi,
que j'ai envie de mieux te connaître,
tu vas encore répondre que j'ai trop d'appétit.

Alors je ne te dirai rien.

Simplement ce mot là, avec plein de bidules merveilleux dedans.

( à toi de les chercher)

Merci...

samedi 17 février 2007

Patchwork noctambule



je suis fatiguée.
Oui.
mais j'ai pas envie de dormir.
C'est comme ça.




****




J'aimerai bien écrire un beau texte.
Un bien foutu, avec deux trois rimes.
Chaloupé comme un poème,
plein de sens profond.


Une foutue mélancolie,
qui vous mouillerait les yeux,
ou de la prose pare choc,
pour recevoir mes coups de blues.


Des mots saignants et crus,
qui vous remueraient les tripes.
De la provoc' mais d'la jolie
j'manie la plume comme le fleuret.


Un ton acerbe et noir,
au service de mon cafard,
des déliés et de l'ivresse:


Ecrire comme on joue une sonate.


****


Tu sais je suis pas écrivain


(quoi que des fois les mots me poussent un peu fort pour que ça reste anodin
a partir de quel moment tu te lèves et tu poses le titre glorieux sur ta bouille de plumée?)


J'ai juste balancé des cris vains,
au temps où l'écrit vint.


Mais j'ai l'écrit dans les veines, pour sûr.
Ca coule, ça jailli, ça éclabousse.


C'est dingue, j'en fous partout.


****


Ce soir je sais plus bien.
Je me sens flaque.


****


Il m'a apelé.
Téléphone brouillé.
Trop de brume.


Il était ivre.
Ivre et amoureux.
Il mélange un peu tout.
C'est de la superbe boullie,
c'est de la douleur sublime.


Mais ça fait mal.


****
Je dis ça au passage,
parce que rien d'autre ne vient.


Que mes mots se crapahutent,
au dela de mon écran,
que malgré mes mains tendues,
J'attrape pas les phrases qu'il faut.




j'ai juste l'air con,
les bras levés, comme ça




****



Foutue absence.


Tu prends trop de place.




P'tain c'est fou ce qu'il me manque.




****




J'me sens à demi.




****


Je repense à ton coup de fil.
Demain t'auras tout oublié.
Que d'la vapeur.



T'es quelqu'un de bien toi aussi.


Alors, n'y pense plus.

****

Je suis demie,
Mais je vois double.




Toujours dans la démesure...


vendredi 16 février 2007

Amaranthe, le reflet

Ma Praline.

Toi que peut-être je te connais à peine.
Et que pourtant je devine...

Toi qui m'apparaîs comme un reflet.
Et ma peau de chagrin ce soir devient douce.
Mes joues roses non pas d'ivresse mais de plaisir.

Merci.

T'es la frangine trouvé au bord du chemin,
Celle qui m'a tendu un coin de parapluie,
alors que j'errais sous l'orage..

Pour un coin de paradis...

Celle qui a le coeur trop grand,
pour savoir aimer vraiment.
Celle qui me ressemble,
à pas trouver le bon choix.

Ma copine, ma princesse,
Toi qui les veut à tes pieds,
Qui passe des nuits près de lui,
Sans oser le toucher.

Ma praline, ma guimauve,
C'est ridicule tous ces p'tits noms,
C'est bien pour ça que je les écrit,
Je préfère te deviner sourire,
que te croire égarée.

Les songes sont nos exutoires.
Des tranches d'échapatoires,
Des portes sur le ciel,
Des greniers aux merveilles.

La part des mots.

Alors rêve, balance sans regret ce qui t'attache au sol, les lianes, les menottes les sentiments.
Rivée à tes fers, tes yeux se ternissent.
Rêve et vole...

Elle avait quelque chose, d'un ange...


Et des doigts de fée, de fée en chocolat chaud avec de la crème dessus, une petite elfe avec des ailes magiques que l'on aimerait transporter toujours avec soi.


mardi 13 février 2007

Mangeuse de Ruban Noir

C'est pas du réglisse, non.


Du bitume.


Même que ça me pète les dents de devant.
Que le sang sur mes lèvres m'écoeure.


J'en ai bouffé des kilométres, des péages, des virages.
Je m'en suis prise des engueulades, des repproches, des soupirs.


Roule, roule.


Mais j'sais même pas où je vais...



Roule, roule.


Tu causeras plus tard.


- Accélère.
Moi je préfère prendre mon temps.
Ecouter la musique, regarder le paysage.
- Accèlère, qu'on te dit!


Alors j'appuie sur les pédales.
Fais des erreurs.
Conduire c'est un peu comme la vie.
J'préfère la bicyclette.


(la luge, même)


Pourtant cette fois je veux pas raté.
Paraître ratée.
Avoir honte, pleurer un peu.
De rage, de déception.


Y'a plus grave, bien sûr.
Mais tout le monde y passe.
Tout le monde l'a.

Alors pourquoi pas moi?


Permis d'être regardée en face,
Partir en vadrouille,
De pas être dépendante.


Permis de devenir grande.
Un peu adulte, comme ça.
Franchir un seuil.


Je vais pas brûler un cierge.
Dieu n'a rien à faire dans tout ça.
Le persil ça n'a pas marché.
Croiser les doigt c'est pas facile pour tenir le volant.


Me reste plus qu'à y croire.
Très fort.
Qu'à montrer que moi aussi j'sais dévorer le bitume.

Je vais me concentrer.


Gauche, gauche droite.


Roule, roule.


Je le veux, je l'aurais.
On dira que ça marche.









lundi 12 février 2007

Madame Mamie

On en se comprenait pas bien nous deux.
On s'aimait de travers.
Je sais pas si c'est mieux maintenant.
Mais on a grandi.

Entre nous il y avait un fossé.
Parfois on jetait des planches en travers.
Tu m'emmenais au théâtre.
Moi quelques fois je m'endormais sur tes genoux.

J'étais sûre pendant longtemps que tu m'en voulais.
Que j'étais pas à la hauteur.
Tu me voulais forte, j'étais en carton, en papier mâché.
Tu me voulais organisée, je semais la pagaille en couleur.
Tu me voulais disciplinée, je me dérobais à toutes les règles.

J'étais toujours la mauvaise.
Celle qui était pas sage.
Celle qui chantait à table, qui renversait son verre par mégarde, qui ne voulait pas se taire.
Toi tes colères tu les passais sur moi.
Les bêtises c'était toujours de ma faute.

Même quand on les faisait à quatre, j'étais souvent la seule à être grondée.
Ca me rendais malheureuse de pas te satisfaire.

Mais j'étais trop petite, trop débordante d'enfance encore pour avoir me plier à tes désirs.
Je suis jamais rentrée dans un moule. Je savais pas faire.
J'ai toujours pris les petits chemins cabossés, les voies parrallèles, les sous-bois.

Tu m'en voulais de cette semi-rébellion affichée, de ce caractère et de cette énergie. De cette provocation amusée, de cette insouciance de gamine, de gamine ignorant tout du monde et de ses douleurs.
Tu ne me comprenais pas.

Toi forte et rigide.
Moi fragile et démesurée.

Forcément pas pareilles.
Forcément on se cognait l'un contre l'autre.

Un peu trop souvent.

Tu aimais Piaf, tu l'aimes encore,
et moi en écoutant l'hymne à l'amour ce soir je pleure.
Je te comprends mieux que jamais.

J'ai changé.
J'ai bouffé des années, mine de rien, et des coups de poing en même temps, et j'ai changé.
Je suis devenue plus calme.
J'ai dompté le silence, appris a vivre avec.
A écouter, à me faire plus petite.

Toi tu as vieillis, peu à peu.
Au début j'ai refuser de le voir.
T'avais pas le droit de flancher.
T'étais Mamie Cent Kilomètres, Mamie pas toujours rigolote mais tellement pleine d'entrain, qui nous emmenait partout, qui était toujours méga occupée, partie on-ne-sait-où, énergique.
T'avait pas le droit de fatiguer,
parce que moi je te reconnaissai plus.

Mais comme j'avais grandi,
y'avait aussi des trucs qu'étaient rentrés dans ma tête.
Donc j'ai compris.
J'ai accepté.

Je t'admire Mamie.
Je n'ai jamais su te le dire.
C'est qu'on n'a jamais vraiment parler nous deux.
Têtues et fières l'une comme l'autre.
Puis parler, c'est pas trop ton truc à toi.

On vit séparément presque.
Dans deux sphères si différentes...
Puis j'ai ce défaut, imprimé dans mes gênes.
Cette faille que tu m'as toujours repproché : je suis une fille.
.
Mamie j'ai eu peur. Te retrouver cassée, vieillie.
Mamie j'ai été lâche.
Je n'ai pas été te voir, à l'hôpital.
Je ne me sentais pas la force de briser irrémédiablemnt le mythe, de tuer l'image de conquérante, et rocher, que j'avais de toi.
.
Tu vas mieux.
Tu vas mieux, et moi l'air de rien j'ose revenir.
Je te fais rire, assise par terre.
Je cherche ton regard qui se perds au dessus de ma tête.
Pourtant tu me vois et tu ris.
Tu as l'air heureuse.
Fatiguée, vieillie mais heureuse.
Et moi je suis apaisée.
Je t'aime bien comme ça.
.
On t'a pas brisé toi, mamie.
Cet accident à juste cassé ce foutu mur qui t'entourait.
Une protection, peut-être.
Une muraille qui te rendait sévère, dure, inaccessible.
Tu l'as construite pour te sauver.
C'est un acte courageux.
Mais il était temps, plus que temps de l'envoyer en l'air.
.
C'était à nouveau Berlin la chute de ce foutu mur.
C'était Berlin et l'euphorie et la confiance.
.
Avant quand on riait tu te mettais en colère en nous repprochant de nous moquer de toi.
Maintenant tu ris avec nous.
.
Tu parles d'escapade, tu y crois, prévois ta fugue.
T'as d'la malice au fond des yeux, ton corps a pris dix ans mais toi tu retrouves de la jeunesse.
Je crois que je t'aime vraiment bien comme ça, Mamie.
Même si je suis pas beaucoup à tes côtés, c'est vrai.
C'est facile pour moi d'être soulagée, de ne voir que ce qui va bien.
mais je devine le reste dans leurs regards fatigués, dans leurs soupirs encore inquiets et dans le ton de leur voix.
Je sais bien l'envers du décors, par où tous êtes passés.
.
Mais je veux y croire.
Je veux t'entendre encore rire, t'aider pour de faux à préparer ta fugue si ça te fait tenir, construire des projets pour après, "faire l'animation" comme tu dis.
.
Je reviendrai.

mardi 6 février 2007

Défenestration corollaire



J'ai mal.
J'veux plus parler.

Pourquoi je perds toujours ce que j'ai de plus précieux?
Suis-je si maladroite que ça?

Pouvez vous regarder au-delà, plus loin que de ce lac d'erreurs gelé qui au matin avait tout recouvert?
Ne suis-je pas autre chose que ça, pour vous?

Oui mon doute existe.
Mais ce n'est pas un gouffre.

C'est une muse, l'élan pour toujours tendre vers le mieux.
L'explosion douloureuse pour tout reconstruire ensuite.


Pourquoi dis tu que je vous entraîne avec moi? Je ne vous force en rien.
Ne suis-je que celle qui vous blesse, qui vous brise?
Ne vous apporté-je rien du tout?

Rien de beau?

Je suis éparpillée, dévastée, anéantie.

Je ne peux pas baisser les bras. Je ne peux pas arrêter de rêver.


Et pourtant je ne suis plus que débris.
Larmes d'effroi, de douleur.


Je ne veux pas vous perdre.
Le plus précieux, c'est vous.
Je l'ai toujours su.





[je ne suis plus rien]





lundi 5 février 2007

Lettre Ouverte à Celle qui....

Mon amie, ma soeur,
Songe...

Non, ce n'est pas une invitation au voyage que je te fais là, je ne te propose qu'une virée en creux, un vol stellaire en toi, en moi, une plongée en tunnel, une glissage infinie.

Ensemble.

Oui, t'es ma frangine, mon reflet, mon sang, mes tripes.

Je te quitterai jamais.
On est loin.
Tu es triste.
Moi, aussi tu sais.
Alors à nous de créer, de tisser des ponts, de Lunes, de mélanger nos croquis plumés.
D'éponger nos chagrins.
Je t'ai pas vu grandir.
Je me réveille, les yeux encore embués de rêve et de cristal, et tu es là, toujours à mes côtés.
Tu es la main qui trace mon visage, l'eau que je porte à mes lèvres, la peinture qui m'éclabousse.
Mon inspiration, ma boîte de souvenirs, le parfum de mon enfance, le grenier infini de l'imagination.
Oui, celui là-même où petites nous avons dû bousculer le quotidien, rire, créer un monde a part, onirique, basculaire, celui là même où nous avons rendu la poussière aux étoiles, où le jeu nous avait saisi d'extase.
Je te regarde et je frissonne.
Tu es mon miroir.
[Je t'aime]


Ces mots là on ne les dit jamais.
On ne sait pas les dire.
Tout au plus, un mot griffoné, un regard qui en dit loin, un appel silencieux.
Tu me manques.
On le sait très bien , on est nées de la même souche.
C'est un trajet semblable que celui que l'on trace, en profondeur.
L'histoire qui nous à mené au monde est la même, si l'on cherche bien.
Une rencontre, une coincidence... Et tant de siècles qui sont le préambule de notre vie!
Des millions d'accros dans le destin, de la poudre de chance, étincellante.
Des générations des tempêtes des nuits des rires qui ont été ce qui nous précède.
Les mêmes tempêtes les mêmes nuits les mêmes rires.
Si longtemps nos vies à naître n'étaient pas séparées l'une de l'autre.
Ce n'est pas si différent, désormais.
Ma fragilité c'est ta force.
Tu es l'aurore et moi le couchant,
la mer et moi l'océan,
le piano forte et moi le chant.
Je ne sais pas quoi dire.
Quand il s'agit de te les offrir mes mots se font la malle.
J'aurais voulu te peindre l'immensité de ce qui m'attache à toi,
Mais je ne sais qu'écrire un pauvre morceau de phrases collées bricolées.
Et te dire merci, ma soeur, mon amie, ma douceur...
On finira vieilles, ridées par les routes de bohème, sur nos bancs jumeaux.
On finira par se retrouver et tout se raconter, c'est promis.




dimanche 4 février 2007

Bulle en briques à brac

Je construis des murailles
Me protège.

J'ai mal.

Découpée avachie débranchée.
Au dessus de ma tête pas de nuits étoilées mais des lames de silex qui s'élancent.
Opération à décors ouverts.
Le corps les chiffres dansent.

Les nuits où je ne m'aime pas.
Je fais tout sauter.
Je gerbe d'étincelles, je larme de lave, je vomis la grisaille et la fumée.

Destruction.

Il me faut bâtir.
C'est la guerre partout en dehors, la grande bataille.
Il pleure du sang quand le nuage crève.
Rouge la grève, rouge ma peine.
Je construis des remparts fortifiés. Une coquille épaisse pour les failles de ma chair.
J'ai mal, et elles ne comprennent pas.
Ca me déchire, m'écartelle. Mon âme disloquée s'échoue sur la page.
Regardez-moi tomber à genoux, noyée dans ma honte.
J'édifie des murs pour me dérober au regard du monde.

Rature. Je suis la tache d'encre. La zébrure dans le ciel.
La gangrène qui immobilise et brûle ce qui était beau jadis.

Vent.
Tornade.
Mon mur menace de s'écrouler.

Je le renforce.
Une muraille de Chine, immense, impériale, qui règne sur mes jours.
Le secret de mes douleurs dans le couloir sombre de la pyramide.

J'érige une pallisade pour me soustraire aux peurs revenantes. Le jardin est sombre et des êtres étranges le peuplent.
Derrière la parois de briques je serai à l'abri.

Emmurée vivante.
Prisonnière de mes erreurs.
Engluée dans tous ces remords lourds et poisseux.

Mes doigts grattent la terre, creuse. Dépose les blocs de pierre.
Mes ongles sont sales.
Ma paume en sang.

Je lèche la pierre froide, je mords la terre.
Je ne suis plus qu'un animal, je ne suis plus rien d'autre qu'un animal.

mais si vite ma peine ne ramene à l'humain.
Mes joues brillent. Mes yeux fondent.
les chiens se traînent au sol, mais les chiens ne savent pas pleurer.

J'amasse les cailloux pour finir ma barricade.
Nul ne saura la franchir.

Je veux devenir insensible.
Taire un peu le mal.
Terre d'accueil, prison peut être.

Je me protège et me mure.

Bulle de fer.





Le ballet de l'ivresse


Je ne sais pas comment mes doigts trouvent la force d'effleurer le clavier, de danser encore alors que peu à peu, irrémédiablement, je perds conscience.

Je suis ivre.
Ivre de douleur. Saoûle de ces travers qui me mènent à la dérive, alors que tout était beau, grand, sincère sur l'immensité de l'océan.

Je suis ivre de chagrin. Seule, douloureusement seule.
J'ai honte de vous le confier.

J'ai le blues de la vie, alors je marche à côté du monde.

Je sais que personne ne viendra me consoler.

C'est le monoloque de la peine, le soliloque de l'ivresse, entrechats en pointillés, quand les larmes se lovent dans le sel amer du couchant.


Ce soir, je me sens seule et j'ai froid.
Pas de cavalier pour ma dérive de ballerine.

Ma prison est grise, et les murs sont glacials.
Tout s'écroule.

Je ne sais pas où je trouve le courage de danser de ces mots, qui sans doute ne veulent rien dire.
Je m'en veux.

Je sens que je perds pied. Je danse sans toucher terre. Que vais-je bientôt pouvoir dire?


Tout tourne, je suis ivre...Si le monde s'écroule je ne songerais qu'à vous pleurer.
Dans les plaines du désespoir je m'en irais errer.

Conscience aigüe du vrai, soudain, de l'essence de mon mal, ce qui me tue :
Je ne vous mérite pas.

Vous m'aimez pour mon art, mais vous étes mes muses.
Vous m'aimez pour cette sensibilité à fleur de plume.
Pour vos failles que je comprends, que je colmate.
Pour mon rire, pour mon innocence.
Vous m'aimez pour mes trous de l'âme, mais déjà ils m'emportent.

M'aimez-vous, vraiment?

J'avance de travers, je marche à l'envers.
Je tourne en vers.

J'ai peur.
Je ne veux pas vous perdre, vous semer dans la nuit.
Celle là sera sans étoiles pour l'éternité, et mon coeur se glacera et les arbres sécheront.
Vents et marées.
Ces sont mes larmes qui recouvrent la jetée.
Et le phare ne brille plus et mes bateaux de maladresse sur les rochers vont se jeter.

Je vais me taire car tout se mélange.

Soirée poussière, soirée chagrin.
Je suis seule et je frisonne.

Je vous demande pardon, vraiment.


C'est ma peine qui est lourde et qui me traine à terre.


Je m'écroule et ne désire qu'échapper à vos regards.
Ma fierté s'étrangle, elle n'est rien devant vous.
Je rampe dans le noir, marais de la peine.

Le silence m'accueille, et les larmes me parent.
Bijoux stelaires qui redessinent mes yeux.
Je suis prisonnière du doute, de ce puit sans fond, immense.


Pardonnez-moi de vous aimer si mal.

Seule, seule et transie de froid, derrière l'écran impersonnel.
Une prison, des barreaux aux fenêtres.
Je dessine sur le ciment mon restant de liberté.

Et je glisse sur le mur, je valse le bitume.



Les mots pour danser, les mots pour m'échapper, un croissant de Lune dans ma tête.


.



samedi 3 février 2007

Retour masqué et barbapapa glacée


*Je reviens*

Je trempe ma paume dans l'encre céleste. La pose sur votre épaule.
Empreinte indélébile de ma prose maladroite.


C'est moi la paumée.
Je ne sais pas où, je vais.

Quand le ciel coule à ma fenêtre, je pleure.

[je me sens seule]


Je ne sais pas dire.
Je marche de travers.

Je suis ivre, ivre d'amour, ivre de perte de moi, d'agonie chromatiques.

Ma peinture sèche sur une chaise.
Ma chambre est claire, le soleil embué d'hiver s'immisce entre les rideaux.

La silhouette que j'ai tracé au crayon est floue.
Ma peinture est taché. Ce n'est pas beau.

Je ne suis pas belle.

Je m'attache trop.
On m'avait prévenu, mais je ne sais pas lutter.

Quand je crève, j'écris.
Ca sonne comme une maxime, c'en est peut-être une, celle des jours de brume.
Non les nuits de tourbillon, quelles qu'elles soient je ne les regrette pas.

Alors je reviens.
Je pose mes valises de cartons. Le sourire est à l'abri, dans ta bouche.

Je m'installe.

Le voyage m'élance le jour, mon radeau m'emporte déjà.