Je construis des murailles
Me protège.
J'ai mal.
Découpée avachie débranchée.
Au dessus de ma tête pas de nuits étoilées mais des lames de silex qui s'élancent.
Opération à décors ouverts.
Le corps les chiffres dansent.
Les nuits où je ne m'aime pas.
Je fais tout sauter.
Je gerbe d'étincelles, je larme de lave, je vomis la grisaille et la fumée.
Destruction.
Il me faut bâtir.
C'est la guerre partout en dehors, la grande bataille.
Il pleure du sang quand le nuage crève.
Rouge la grève, rouge ma peine.
Je construis des remparts fortifiés. Une coquille épaisse pour les failles de ma chair.
J'ai mal, et elles ne comprennent pas.
Ca me déchire, m'écartelle. Mon âme disloquée s'échoue sur la page.
Regardez-moi tomber à genoux, noyée dans ma honte.
J'édifie des murs pour me dérober au regard du monde.
Rature. Je suis la tache d'encre. La zébrure dans le ciel.
La gangrène qui immobilise et brûle ce qui était beau jadis.
Vent.
Tornade.
Mon mur menace de s'écrouler.
Je le renforce.
Une muraille de Chine, immense, impériale, qui règne sur mes jours.
Le secret de mes douleurs dans le couloir sombre de la pyramide.
J'érige une pallisade pour me soustraire aux peurs revenantes. Le jardin est sombre et des êtres étranges le peuplent.
Derrière la parois de briques je serai à l'abri.
Emmurée vivante.
Prisonnière de mes erreurs.
Engluée dans tous ces remords lourds et poisseux.
Mes doigts grattent la terre, creuse. Dépose les blocs de pierre.
Mes ongles sont sales.
Ma paume en sang.
Je lèche la pierre froide, je mords la terre.
Je ne suis plus qu'un animal, je ne suis plus rien d'autre qu'un animal.
mais si vite ma peine ne ramene à l'humain.
Mes joues brillent. Mes yeux fondent.
les chiens se traînent au sol, mais les chiens ne savent pas pleurer.
J'amasse les cailloux pour finir ma barricade.
Nul ne saura la franchir.
Je veux devenir insensible.
Taire un peu le mal.
Terre d'accueil, prison peut être.
Je me protège et me mure.
Bulle de fer.
1 commentaire:
merci beaucoup veuve tarquine pour la photo!
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