samedi 28 avril 2007

Immensités



Le désert. l'infini qui se mêle au jour éffacé, délivrant sa poudre claire,
immensités sablés où le regard vient échouer.

Amour, ô amour,
que ne viens tu as ton tour,
te perdre dans ses horizons pâles.

Balancement, navire, le dromadaire avance.
Tout n'est que calme, courbes, apaisement.

Au loin, les dunes enlacent le soleil, épousent le ciel qui ému en rougit.

Solitude miraculeuse,
pêchée dans le silence,
recueillie, délectée.

Et la beauté sauvage, paisible,
de ce désert étendu.

Le sol ondule,
le dromadaire abaisse son dos,
je glisse légère, glisse et touche terre.

Et le sable en filets d'argent, en caresses,
coule entre mes doigts ouverts.

Nul Créon pour faire trembler ma jeunesse,
le vent chuchote,
et la lumière qui s'allonge
poudroie sur nos paumes élancées,
nos épaules dénudées, satinées.

Le désert, blanc, couché de douceur,
emmêlé de rêves,
déroule son mystère sous nos pas étonnés.

Pas un mot, pas un souffle,
chacun cueille les roses
de sable de sa main,
chacun se saisit de cette sérénité,
Et moi, chavirée, j'écoute la prose que le vent sème au creux mon oreille.

Sous nos regards, nos inspirations,
le ciel se colore et se change,
peignant l'amour et la quiétude,
de ce jour déjà mourant.

Rose et puis orange,
soudain il s'empourpre,
revêt le toit du monde
de cette brume volupteuse.
.

lundi 23 avril 2007

A ton absence



Ô mon amour, ô douloureux vertige.

Insomnies.
Tes yeux comme deux étoiles planantes, tes yeux comme des promesses.

Mes sourires s'évaporent, à peine levée, je les vois se fondre dans le
cristal de l'aube diaphane.
A l'aurore, je m'assoupis enfin, distillant dans mon rêve l'infini espoir.
Te revoir.

L'amour me colle, m'encendre. Je me consume de solitude, et les petits
matins viennent mourir en contrebas de mon lit vide.

Mes paupières assombrissent mon regard océan, celui dans lequel tu venais te
couler, avant.
Lourdes et fanées, elles pèsent leur fardeau de chair et je joue à
l'aveugle.

Mais je ne dis rien.

Ce sont mes mots de papier qui s'affligent, ma plume trempée de brume qui
fait couler la tristesse.
Ô, douloureux vertige!

Le souvenir s'ébruite au creux de mon oreille, je palpe le manque, le
silence. Ton amour fut ma sève.
Ma sève.


C'est ma main qui frémit, c'est mon coeur que tu as dédaigné.
Quelle extase t'a transpercée, quel oubli a revêtu ton choix? Pourquoi me
quitter, pourquoi cet envol?

Je pose des lignes de mousseline, des volants vaporeux enveloppent ma prose,
et je te chante, je te murmure.
Je ne porterais pas de noir.

Des dentelles. C'est ma fragilité que tu exposes au vent.

Je dépose des boîtes, des vestiges. Un déversoir, où fredonnent les amours
blessées.

Nous étions les passeurs, des rires et des ivresses. Mais seule sur mon
cumulus crevé, à présent je fraude pour continuer, pour m'égrener en
errances et en coups de poing. Pour rester debout, vaillante.

Je ne veux pas que tu me manques. Je ne peux respirer chaque matin cette
âcre odeur de petite mort qui prolonge ton indicible départ. J'étouffe,
j'étouffe ici.

Regarde celle que tu poignardes, en désirant partir. C'est moi qui meurs,
qui meurs à chaque seconde enfilée sur la ligne du temps.

Caresse moi, encore, cette fois je te supplie. Touche mon visage, avale mes
soupirs, étreint moi sans dire maux.

Plus de volupté, indolente et farouche elle me quitte pour revêtir de
douceurs d'autres gamines au coeurs ployés.

Et mes baisers se perdent, volent et se brisent.

Les vases vides des fleurs de ton amour me dévisagent, plus une rose pour
aspirer le ciel, plus une rose pour bourgeonner en ode aux sentiments.

Plus un mot sur les choses, plus de sens. Je deviens cette transparence, ce
pâle reflet qui penche le coeur, s'épenche en langueur.

Oui, je vais me sentir seule, flottante, oui je crains la dérive, puisque
nul îlot ne pourra accueillir mes détresses, mes abandons.

Mal de toi, valise désertée.

Je caresse les courbes de l'oreiller, navigue sous tes draps, respire le
parfum amer de ton absence. Fragrance de mélancolie, qui se dépose sur mon
cou, comme une morsure imprégnée de souvenir.

Au bord de notre lit je contemple les vides, aux abord de notre lit comme
d'un précipice, au fond je vois ce trou béant, les vacarmes assourdis de mes
douleurs, et les chagrins insolants.

Mais je vais bien.
Ne t'en fais pas.

Des mirages, des figures.
Je tatonne dans mes obscurités. Je dessine sans foi la colline de ta bouche,
le printemps nuageux de tes regards, et j'embrasse dans mes bras ouverts des
kilomètres d'air.
Mes mains n'enserrent que ta disparition, vague tragédie sans cesse rejouée,
sans cesse niée.

De la poussière. Tout redevient poussière.

Je ne comprendrais pas ce geste, cette lame qui m'a trahie. Je n'avais pas
besoin de grandeur, de courage. Tu touchais déjà le ciel, pourquoi voler
plus haut?

Je te voulais juste à mes cotés, je te voulais juste toi.


Ce sont les mots que je jette sur la page, comme tu as jetté la lame sur ton
coeur.

J'étais pleine de l'ivresse étonnée, incrédule devant ta main qui tenait le
fer, s'approchait de ta poitrine nue.
Je regardais, immobile, confiante.

Elle ne peut te blesser, toi, je l'imagine se faire douce sur ta peau, se
faire caresse, murmure. S'évader. T'esquiver. Elle ne peut te faire de mal.

Mais le couteau pénètre, et la lame déchire et le sang tourbillone.
Au ralenti tu glisses, tu danses, tu tombes.
Et tu demandes pardon, laisses ce mot me couvrir, prendre enfin du sens, me
foudroyer.

Alors je te regarde, et enfin je comprends.
Mais c'est trop tard, et je n'ai pas bougé.
Je te regarde, je te vois.
Et la vie t'abandonne, et la vie s'éloigne.

Il n'y a plus que moi. Plus que moi.

Les mots en refrain viennent cogner mes tempes. Et refusant d'y croire, je
porte à ma bouche mes mains agitées, tremblantes, inquiètes.

Je suis tombée à genoux, ma chute suivant la tienne.
Tu as le sourire des enfants innocents, tu as le sourire un peu triste mais
si beau.

Tu resplendis de vie, et devant cette folle erreur, la terre vient à
vaciller.

C'était hier et c'est maintenant.

J'ai pressé ton corps sur mon coeur, j'ai gouté ton sang de mes lèvres.
L'empreinte brulante de ton départ dessine le chagrin sur ma bouche, à
jamais ce pli de douleur, à jamais l'encre carmin.

Ô mon amour, ô douloureux vertige.

Mais je suis là, des tempètes, des ouragans. Je suis debout. Au loin des
nouveaux mondes, mais le mien s'est fâné, et ses pétales flétris m'empêchent
de respirer.

Je ne vais pas pleurer, je ne vais pas tomber. Je serais funambule, sans
cesser de t'aimer, je serais funambule, même si tout est perdu, même si j'ai
mal de vivre.

Ma poitrine est cousue de milliers d'ecchymoses, et mon coeur est un bleu où
voyage la douleur.
Mais je suis là.

Je ne vais pas vaciller, non, je ne tomberais pas. Non, mon ange, je ne peux
te rejoindre. Pas maintenant.

Pardonne moi.

Ô, mon amour.

jeudi 19 avril 2007

Demie-Lune

La grande pagaille.
Partout, le monde s'éparpille.

Je suis a genoux. vague communiante sans prière, sans foi.
A genoux je regarde les débris, les fissures. Le compte, machinalement.
Je respire la couleur des choses, m'emplis de leur opalescente.

des rues, des rues qui passent, à droite, à gauche, un film qui coure sous mes sandales. ça claque, talon, pied, paume, et je trébuche.
Portes cochères. Elles n'abritent plus les peines qui s'embrument, qui fondent comme de la glace sur mes joues.

je m'arrête. reprends ma respiration.

Aspirer le jour qui s'efface, une grand souffle, les choses qui filent jusqu'au fond des poumons, entrent dans le corps, étouffent.

on n'oublie pas.
On passe de la chaux sur le mur,
ça brûle, un peu.


Je me dessine en creux, à la bombe sur les haies, les jardins.
Parmi les miettes des choses qui se fondent dans le sol où je marche, mon
reflet, dans la terre mouillée.

Je m'élance et me cogne, et me cogne et me cogne. ça ne fera bientôt plus mal.

Une blessure.

Et tes yeux et tes yeux et tes yeux.
L'oubli se cramponne à moi, me dévisage et se fait la malle.
alors je répète.

me donner une contenance.

Idiote.
Idiote, idiote.

ce serait un refrain sans fin. sans fin.

Des cailloux. Des pelles. on ne soulève que du vent.
Je voudrais m'échapper.

c'est ton
amour qui m'éclipse.

demie Lune. un sourire qui penche, à moitié de ciel.
IL est tard.


samedi 14 avril 2007

Ruelles intérieures

On court sur les pavés, la nuit a encore englouti notre monde, et on attrape les ruelles en frappant le talon. Ma jupe se soulève et tu me tiens la main.

J'ai le coeur qui flotte, et puis le tien sous le voile.

Le souffle court, la montée des Epis qui semble s'allonger sous nos pas, et enfin, la porte, quelques marches, et lui qui vient nous ouvrir.

Brèves de sourire, paroles sur vos lèvres, je vous quitte pour mon voyage tranquille, visite peut être surannée, mais légère, et profonde, enchantée.

J'aime cette maison.

Nénuphars d'eau qui fleurissent sur le plâtre des murs. Les parois s'effritent, mais le ciel est déjà à l'intérieur.

Des visages, encadrés dans le souvenir. Des fils d'enfance qui s'entremêlent, ce jour-là qui ne veut se laisser oublier.

Le miroir qui s'incline, mon regard fatigué qui me fuit pour s'exasier ailleurs.

Des livres qui s'entassent, des mots empilés, pages lues, frôlées, avalées dans des crépuscules lunaires, des nuits blanches qui nous retiennent dans les tréfonds merveilleux de nos lectures.

Une lampe en galet, je ne comprends pas, mais la mer s'invite en catimini dans ma visite, et j'y plonge avec délice.

Des fauteuils au velour fleuri de boutons grenat, on devine leur caresse, et puis un ours en peluche qui n'a pas grandit, attendant les bras d'un môme pour recueillir sa tendresse de fourrure.

Une voix d'ailleurs, comme un peu de soul dans ma nuit... des accents ennivrants, jaillis de la petite radio.
Sous l'interrupteur, lumière et musique s'allient, mon doigt juste là et le film défile, je me sens transportée, si peu c'est vrai, et pourtant tout un monde.
Ce soir derrière le rideau blanc, drap de fortune, c'est le spectacle des moments de vie que l'on préserve qui vient de commencer.

L'art batifole sur les toiles, oui c'est de la gaité qui irise ces tableaux, couleurs pastels, et mon regard ne peut s'en détacher, et je coule dans la matière, je m'y glisse, je m'y fonds.

Le piano sommeille en attendant vos caresses, n'aspirant qu'à vos doigtés agiles pour cascader en ses touches d'ivoire, et la musique vient fredonner au creux de mon oreille, je rêve aux sonates délaissées, qui renaîtront bientôt...

Je voudrais raconter la cuisine et son évier de pierre, les pots aux secrets en dedans, la fleur de sel, je voudrais dire la petite cour et ses trésors de verdure, les murs qui accrochent le ciel, je pourrais vous les conter, mais je n'ai plus les mots, rien que cette ambiance douce et chaleureuse, cette maison de la rue qui penche, et mes détours, et mes pensées...

Mes ruelles intérieures...

(et quelques éléphants roses)



mercredi 11 avril 2007

Volver




Un soleil.

Un coeur battant.
Un main qui frémit, une frange en bataille.
La peau à peine colorée, un sac de cuir rouge.
Des tresses qui volent au vent,
un bracelet d'argent.

Je reviens.

*