lundi 28 mai 2007

Et que dansent les roses...

[Pink Martini Remember]


When I was just a little girl...



Dame oiselle qui virevolte, qui se pose sur une branche, fredonne, qui court sur les planches.

Ces petites morts, ces cassures qui étouffent l'enfance sous des sacs de soucis, qui nous font vivre plus fort, désespérement.


'Cause it comes from my heart



O fragrance immortelle, ô orgue de barbarie, qui déroule son papier de souvenirs.

Notes qui s'écoulent, qui résonnent. Ambrée, musquées, elles dévalent dans la coulisse, gourmande notre peau, nos sommeils échappés.

Le passé dans nos poches crevés, cet hier qui fait de nous des sultanes, des reines, et toutes ces belles années qui reposent, dans nos malles closes.
quand les jours d'avant se veulent inneffables,
se calfeutrent dans les recoins obscurs de nos mémoires brumeuses.



De la buée sur les vitres du train.


Que sera sera

Whatever will be will be

The future's not ours to see

Que sera sera


les soliflores, la solitude,

et les instruments de nos rêves.


Est-ce le ciel qui chuchote

ou bien,

juste le vent.


What should I try?


Je suis dans le train.

Les nuages s'accrochent aux mâts
des arbres piqués au ciel comme des bateaux à la dérive

du paysage en dépliant, du vrai et des miniatures opaques,
comme des ilôts de verdure dans le tableau du monde.

le chant noir de l'humus palpite sous nos doigts,
raconte les errances, les fugues, les disparitions.

La soledad, la soledad.

Bleue le trou sous la paupière basse,
la plaine humide. Longue et monotone comme un jour sans toi.
Le turquoise d'une encre, quand le délié de tes lettres me sauva la vie.

Main tendue par dessus la béance du rien.

Y aunque no quise el regreso,
siempre se vuelve al primer amor...


El sol se fue.

Un escalier infini aux marches de pierres,
gravis tant de fois que les jambes nous tirent encore,
d'un souvenir vigoureux sous la peau,
un muscle dans la mémoire, qui crie encore
l'ascension de l'enfance.



Volver...

vendredi 18 mai 2007

Dormir, telle est la question

Je n'ai jamais su jouer d'un instrument.

J'aurais aimé, j'aimerai. J'apprendrais

Ma musique est pleine de ricochets, de trous d'air. Désaccord et des fausses notes, je n'y manque pas.

Peut-être, se taire finalement.
Ce soir je voudrais simplement que tout soit simple, que tout se déroule, sans combats, sans blessures. Ce soir je voudrais dormir.

Pourtant une fois de plus, je m'attarde, m'égare, soulève des coins de pensées, des coins de monde.
Une vie si fragile, et le reste immense.
Des questions comme des étoiles, par milliers, vives, floues, et la nuit autour, et le vent dans les arbres.

Moi toute petite, roulée en boule sous les draps, sans bagages, sans courage.
Rien de plus que ce corps fatigué, courbé, vidé, que ces paupières à peine closes, cette absence.

Juste la lumière tamisée que je n'éteindrai pas, le sommeil qui tardera à venir, l'attente.
Puis ma tête roulera, doucement, et en m'assoupissant je serrerai l'oreiller un peu plus fort. J'essayerai de taire les vagues de doute en moi, et puis je sombrerai, retenue.
Des mondes de rêves viendront peupler ma nuit, mes fantômes surgiront encore et les lames danseront.

Cette fois juste dormir, ne pas rêver.
Ne pas être, tel est mon souhait.
Juste ce sommeil lourd, pesant. Juste ce vide.

Dormir, rien de plus.



Mais demain j'aurai le sourire, demain j'aurai l'espoir.
Puisque mes ailes pour m'élever, m'envoler, à nouveau.

mercredi 16 mai 2007

Insomnie


"Quand on voudrait avoir la tête vide, ça nous vient....

....Je voudrais dormir."
*

mardi 15 mai 2007

L'être à revers, sans timbre

Contretemps.
Je ne suis pas la mesure.

Et prends ce couplet comme tu le veux, elle est à toi cette chanson...

Elle est à toi, à vous.
Vous mes amies, mes muses, vous les mots que je ne dis pas.
Toi qui me glisse entre les doigts, qui t'étire, et c'est le temps qui te pare cette nuit.

Une date qui nous rapelle à nos heures perdues,
qui nous rapelle que nous sommes perdues.
Si belle l'amitié éperdue.

A coté de la plaque.
Plaquée sur le bitume, la gueule dans le béton.
Descendue du vélo, qui n'a jamais bien roulé, d'ailleurs.
Je pédale dans le vide.


C'est pas la route qui se déroule, c'est la vie.

Me restent quelques mots, cette pagaille bancale, ma foi en tout ça.


[ quand des aurores de promesses peuplent le ça]

Ça, l'espoir, la force en tenaille dans le ventre, l'élan que je planque au fond de moi, qui me renverse et me jette.

Toi, tu l'envoles vers ta vingtième année.
Celle que je n'ai pas l'impression d'avoir commencée.

On ne l'a pas vu venir, mais finalement on se dit que ça ne nous va pas si mal, de vieillir. De devenir des jeunes.

Et puis on lève les yeux en l'air, pour ne pas trop s'attarder sur cette idée, pour accrocher nos pensées aux libellules, aux mouches, aux pigeons, à toutes ces petites ailes plutôt qu'à cette pâle amertume qui nous avale.

On sent doucement l'enfance qui s'évade, qui dépose les larmes faciles, les coups de tête, coups de pieds, coups de blues, pour d'autres détresses plus profondes.

L'enfance à pas de loup, l'enfance qui se calfeutre dans les cabanes du souvenir.

On ne veut pas grandir.

Parfois on se dit que si, et puis soudain tout est confus, compliqué.

On s'y retrouve pas dans ce monde de grands, dans cette cours immense qui transpire le surfait, qui se police, se politise, alors de rage, de chagrin, on pleure la gamine qu'on était, les salopettes en jeans, les cheveux en bataille, les livres lus en clandestin sous les draps, les récrés.On ne veut pas grandir.

Puis on se dit qu'on n'a pas le choix.

Puis on laisse ses rêves, ses chagrins, ses récrés au bord d'une route, dans des grands sacs en plastique sombres.

On soupire un peu, et au final on fait comme tout le monde.

des études un appart des amoureux des erreurs des bars des exams des vacances

On ne prends pas de risques, ou si peu.

On se dit qu'on choisit.
On choisit juste d'oublier de rêver.

On le sait tous, au fond.


On se cogne, on s'effrite, on doute.

On vieillit sans les rides, c'est juste le coeur qui est bardé de petites douleurs, le coeur qui prend de l'âge.

Nous, on reste des mômes, emballage fragile, yeux trop brillants, des mômes arrachés de notre enfance.

Il ne faut pas la laisse filer.

Mais pas de nostalgie, non.

Juste la cascade de nos rires, le parfum de la craie, de la colle blanche Cléopâtre, juste les chutes dans les virages, les chutes de neige et les grandes bataille, les deux francs de bonbons, les coulisses et le trac minute, les cadeaux en bordel au pied du sapin, les piques niques, les chaussettes rayées, les cerises, le chocolat.

Juste des souvenirs à fleur de mémoire, l'empreinte sur la peau.
En nous un grand foutoir de senteurs, de musique, de mistral, de mirettes, de caresses.

Tout ce qui habille nos années de joie, de lumière.

Tout ce qui nous a fait grandir, là-dedans.

Tu te souviens, tout ça?

Je sais même pas quoi t'écrire,
je t'emmène de travers,
je voudrais t'jouer de l'accordéon,
alors que c'est un intrument...

Et puis me voilà contrebasse, je coule au sol, m'étends vers le bas, à contre courant sous les mers, je me sens amertume alors que tout scintille.
Mais si le ton est grave, la musique élève..


J'en perds le fil.

Alors quelques notes, que je fredonne encore...
Yalatam, yalatam, yam tam tam...

Ma seule chanson sera mes mots, des mots pour toi mais que je n'dis pas, mes mots carnaval, mal foutus, qui se dissimulent sous le far pour ne pas rougir d'être si vulnérables, si maladroits.

Je préferais te choper la lune, comme ça, la pêcher au bout de mon fil perdu, au bout de ma plume, puis te la poser , juste ici.

Tant de fois offerte, cette Lune, dans tous les bouquins, dans tous les baisers, les serments, les silences.

Et pourtant celle que je t'aurais donnée, elle aurait été plus belle encore.
Nue, blanche, fragile.
Juste auréolée d'étoiles, de bijoux.

Des bougies que tu n'aurais pas soufflées, des lucioles pour peupler tes nuits, pour guider tes pas.

Mais je me sens pas à la hauteur.
L'heure tourne quand mes mots tournent en rond.

Je vais tout remballer. Mes mots sont poudrés de rêveries, d'illusions, peut être trop bleus, trop faciles.

(Peut être ne les liras tu pas, ne te toucheront-ils pas?)


Je voulais te donner de la lumière, t'orner de lambeaux d'espérance, jolis fragments, bien assez pour reconstruire.

Je voulais de la lumière, une braise sous les cils.
J'ai tout fait flamber.

des cendres des cendres, des cendres à la fin

J'ai un noeud dans la gorge, je le voudrais autour du cou, du cou de mes faiblesses.


Et si je rêve de partir, bordel mon plus beau voyage, c'est vous!

Oui, j'ai toujours eu envie d'ailleurs. De m'évader. Envie de bateaux de comète de romans d'escapade d'encre de mer d'ancre de mer de mer de mer.

Je n'ai pas coulé.

Pourtant c'était pire qu'un nauffrage.

Si j'ai choisi si loin, c'était pour vous fuir, pour me fuir, me carapacer dans du rêve, dans des idées, des combats, des montagnes.

Toutes ces étoiles.Ces trucs qui font grandir, font oublier les larmes de gosse, les angoisses, la mélancolique solitude.

Oublier la honte.


Finalement je ne pars pas sans vous, finalement je ne pars pas sans toi.

Je vous porte en moi, je ne dis rien mais je gribouille.


Des pages blanches, des horizons.

Tes dix-neuf ans qui soudain débarquent, et tu as vu jusqu'où ça nous mène, nous entraîne?

Il ne te reste plus qu'à t'élancer, encore, toujours.


Avant de partir, un regard vers l'arrière, valse et contre-temps.

On rebrousse chemin, une belle vue sur l'espoir d'ici bas, une si belle vue...



*






jeudi 10 mai 2007

Chaos

Hier quelques mots et le monde s'est défait,
Soudain sous ma plume le doux sens s'est soustrait,
La vérité glissa, le silence se fit,
Dans l'encre déposée, le grand Chaos naquit.

Les lignes, les feuilles, devenaient cavalcade,
Le soleil dans le ciel en battant la chamade,
Jetait des traits obscur sur le jour ébahi,
Quand l'eau des océans rejoignait l'infini.

Le cosmos déployait sa symphonie d'étoiles,
qui de leurs notes pleines venaient crever le voile,
Du sommeil léger des enfants assoupis,
tenant contre leur sein la Nature flétrie.

Dans la nuit déchirée un déluge de roses,
transperçait l'horizon aux lueurs moroses,
et les grandes montagnes aux sommets parés d'or,
se fondaient dans le jour quand renaissait l'aurore.

Au ventre des volcans se mélangeait le monde.
Se baignant dans le feu, la pagaille féconde
offrait à la lumière le chaos accouché,
enfantait en douceur les éléments mêlés.

La Terre chamboulée déroulait ses entrailles,
sa robe de mariée, aux milliers de mailles,
dont la blancheur de lys était éclaboussée
De forêts de torrents, ô beauté maculée!

Dans les grandes églises, derrière chaque autel,
dansaient les femmes nues, tournoyaient les ombrelles
et l'onde tumultueuse de quelques filets d'eau,
coulait pour rafraîchir les couleurs des vitraux.

C'était le grand Chaos, la prose renversée,
j'avais rêvé le monde, et le monde maquillé,
ma plume voyageuse en noircissant la page,
fit du songe un poème, du poème un mirage.

dimanche 6 mai 2007

L'impasse



Arrimée au chagrin, dans cette rue j'échoue,
je me coule et me courbe, sur les trottoirs lépreux,
Réverbères et ferrailles, tendant leur cou au cieux,
Hautains me dévisagent, et se tiennent debout.

Nul échappatoire, nul passeur, nul Charon,
personne pour conduire ma triste farandole,
Nul Ciel, nul Enfer, que cette langueur molle,
et mes peines croupissant, dans ce bocal rond.

Plus rien que cette odeur, âcre et nauséabonde,
Enveloppant ma bouche et mes yeux et le monde.
Et mon âme en cavale, se trouve dans la cage
se projette et se cogne, sans se frayer passage.

Impuissante je glisse, et embrasse le sol,
Puis ma langue rapeuse va goûter le bitume,
Rebondi de soleil, portant son noir costume
Il déverse dans ma bouche, ses effluves d'alcool,

Mais la lumière déjà va se voir engloutir,
Au crépuscule naissant, mon nouvel abandon,
le bel astre mourant, chante ses derniers rayons
et moi assise dans l'ombre, je me sens tressaillir.

Je vois les vents monter, et souffler leur chanson
tourner, virer, hurler, appelant l'animal,
cet ouragan félin, qui sera mon féal,
à lutter pour sauver, un sursaut d'évasion.

Epuisée et transie, je tombe ventre à terre,
la solitude m'enlace, et je souffre et je meurs
Quand la Lune dans l'impasse, écoule ses lueurs,
Alors l'espoir vaincu, gonfle un peu ma misère.

C'est une barque que je pose, au creux du caniveau,
un bateau de papier sans mat une gondole
tel un oiseau fragile, plumes saoulées de pétrole,
c'est l'unique navire, qui avance en ces eaux.

Il dérive en silence, puis se perd et se noie,
Mon radeau chagriné sombre en despérances,
Mon radeau espéré, ne porte que l'absence
je le vois disparaître, et ma douleur s' accroît.

Ma prose retournée, grimpe sur les façades,
s'aggrippe aux murs, aux toits, aux goutières au balcons,
Tenter de s'élever, l'ultime aspiration,
L'écriture sera la dernière escapadade.

*