dimanche 6 mai 2007

L'impasse



Arrimée au chagrin, dans cette rue j'échoue,
je me coule et me courbe, sur les trottoirs lépreux,
Réverbères et ferrailles, tendant leur cou au cieux,
Hautains me dévisagent, et se tiennent debout.

Nul échappatoire, nul passeur, nul Charon,
personne pour conduire ma triste farandole,
Nul Ciel, nul Enfer, que cette langueur molle,
et mes peines croupissant, dans ce bocal rond.

Plus rien que cette odeur, âcre et nauséabonde,
Enveloppant ma bouche et mes yeux et le monde.
Et mon âme en cavale, se trouve dans la cage
se projette et se cogne, sans se frayer passage.

Impuissante je glisse, et embrasse le sol,
Puis ma langue rapeuse va goûter le bitume,
Rebondi de soleil, portant son noir costume
Il déverse dans ma bouche, ses effluves d'alcool,

Mais la lumière déjà va se voir engloutir,
Au crépuscule naissant, mon nouvel abandon,
le bel astre mourant, chante ses derniers rayons
et moi assise dans l'ombre, je me sens tressaillir.

Je vois les vents monter, et souffler leur chanson
tourner, virer, hurler, appelant l'animal,
cet ouragan félin, qui sera mon féal,
à lutter pour sauver, un sursaut d'évasion.

Epuisée et transie, je tombe ventre à terre,
la solitude m'enlace, et je souffre et je meurs
Quand la Lune dans l'impasse, écoule ses lueurs,
Alors l'espoir vaincu, gonfle un peu ma misère.

C'est une barque que je pose, au creux du caniveau,
un bateau de papier sans mat une gondole
tel un oiseau fragile, plumes saoulées de pétrole,
c'est l'unique navire, qui avance en ces eaux.

Il dérive en silence, puis se perd et se noie,
Mon radeau chagriné sombre en despérances,
Mon radeau espéré, ne porte que l'absence
je le vois disparaître, et ma douleur s' accroît.

Ma prose retournée, grimpe sur les façades,
s'aggrippe aux murs, aux toits, aux goutières au balcons,
Tenter de s'élever, l'ultime aspiration,
L'écriture sera la dernière escapadade.

*


2 commentaires:

Anonyme a dit…

il est vachement beau ce poême! je le copie pour le mettre dans la biographie!
En attendant mieux (dans cinq ans), sortons les banderoles, et levons les dès que Lui lèvera le petit doigt.
Il ne fera pas ce qu'il veut de cette jeunesse là!

Lise a dit…

Photographie de Mathilde
[http://mathildeeeeeeee.canalblog.com/]