mardi 9 janvier 2007

Spectateur


Spectateur.

Du théatre il est la continuité illimitée.

La résultance acceptée.

Ce qui découle de la scène.

Pas de limite entre les planches élévée et le regard qui est l'accueil, ou, si ténue, cette limite.

Un fossé à combler de paroles d'émotions de corps.
Le réceptacle intérieur, la parabole.

L'oreille et le coeur.

Le public qui saisit, qui se délecte, qui refuse et qui prend. Une main tendue au creux de la scène. Le flanc du monde en contre-bas du jeu. Les rideaux ouverts sur une immensité de regard.

Spectateur.

L'art vécu en écho.
Le don caché, l'humilité grandiose.

Le théatre commence par le spectateur.

Ses yeux sont le reflet translucide des conflits qui se déjouent devant eux. Des miracles enchevetrés.

Une alchimie secrète.

L'oeuvre au noir, sans doute. C'est de l'or qui s'échappe de nos doigts pour aller frôler les leurs.

Le septième ciel avant la lettre, le paradis en fauteuil rouge. Le public visite le monde sourit, applaudit, désapprouvre.

Il est l'enfant, il est l'essence, la sève du théatre.

Le spectacteur devient spectre acteur. Sustance translucide à la clarté nécessaire. L'honnêté de ne pas toujours comprendre, de ne pas aimer, de pas se laisser gober par le théâtre.

La partie immobile, mouvante seulement dans son intériorité originelle.

Le coeur, l'organe à la chamade qui de ses battements rythme le jeu.

Le spectateur est la présence, la marque universelle, le rapelle d'une humanité en nous. Des bras qui font vivre les fauteuils morts, la vivacité de l'artefact, la part de réelle. Il donne au jeu son sens, sa direction pourtant, le soufle qui s'amenuise.
Il contemple le théâtre en étant son miroir. ses yeux sont la Lune des nuits de doute, l'iréel éclat où piocher l'iris de l'inspiration et de la force.

Spectateur sans trève. Dévoreur d'illusion, charmeur de palabres.

Il est le destinataire, celui qui cueillera les mots, qui les goûtera du bout des lèvres, le novice qui s'égaiera d'un quiproquo, l'esthète qui vibrera de la langueur d'un baiser, le connaisseur qui murmure en lui le monologue du héro, le poète qui pleura devant la beauté du vers mis en bouche.


Spectateur.
Il est la source et l'océan.

Tout naît de lui, tout y revient.






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