Contretemps.
Je ne suis pas la mesure.
Et prends ce couplet comme tu le veux,
elle est à toi cette chanson...Elle est à toi, à vous.
Vous mes amies, mes muses, vous les mots que je ne dis pas.
Toi qui me glisse entre les doigts, qui t'étire, et c'est le temps qui te pare cette nuit.
Une date qui nous rapelle à nos heures perdues,
qui nous rapelle que nous sommes perdues.
Si belle l'amitié éperdue.
A coté de la plaque.
Plaquée sur le bitume, la gueule dans le béton.
Descendue du vélo, qui n'a jamais bien roulé, d'ailleurs.
Je pédale dans le vide.C'est pas la route qui se déroule, c'est la vie.Me restent quelques mots, cette pagaille bancale, ma foi en tout ça.
[ quand des aurores de promesses peuplent le ça]
Ça, l'espoir, la force en tenaille dans le ventre, l'élan que je planque au fond de moi, qui me renverse et me jette.
Toi, tu l'envoles vers ta vingtième année.
Celle que je n'ai pas l'impression d'avoir commencée.
On ne l'a pas vu venir, mais finalement on se dit que ça ne nous va pas si mal, de vieillir. De devenir des jeunes.
Et puis on lève les yeux en l'air, pour ne pas trop s'attarder sur cette idée, pour accrocher nos pensées aux libellules, aux mouches, aux pigeons, à toutes ces petites ailes plutôt qu'à cette pâle amertume qui nous avale.
On sent doucement l'enfance qui s'évade, qui dépose les larmes faciles, les coups de tête, coups de pieds, coups de blues, pour d'autres détresses plus profondes.
L'enfance à pas de loup, l'enfance qui se calfeutre dans les cabanes du souvenir.
On ne veut pas grandir.
Parfois on se dit que si, et puis soudain tout est confus, compliqué.
On s'y retrouve pas dans ce monde de grands, dans cette cours immense qui transpire le surfait, qui se police, se politise, alors de rage, de chagrin, on pleure la gamine qu'on était, les salopettes en jeans, les cheveux en bataille, les livres lus en clandestin sous les draps, les récrés.On ne veut pas grandir.
Puis on se dit qu'on n'a pas le choix.
Puis on laisse ses rêves, ses chagrins, ses récrés au bord d'une route, dans des grands sacs en plastique sombres.
On soupire un peu, et au final on fait comme tout le monde.
des études un appart des amoureux des erreurs des bars des exams des vacancesOn ne prends pas de risques, ou si peu.
On se dit qu'on choisit.On choisit juste d'oublier de rêver.On le sait tous, au fond.
On se cogne, on s'effrite, on doute.
On vieillit sans les rides, c'est juste le coeur qui est bardé de petites douleurs, le coeur qui prend de l'âge.
Nous, on reste des mômes, emballage fragile, yeux trop brillants, des mômes arrachés de notre enfance.
Il ne faut pas la laisse filer.
Mais pas de nostalgie, non.
Juste la cascade de nos rires, le parfum de la craie, de la colle blanche Cléopâtre, juste les chutes dans les virages, les chutes de neige et les grandes bataille, les deux francs de bonbons, les coulisses et le trac minute, les cadeaux en bordel au pied du sapin, les piques niques, les chaussettes rayées, les cerises, le chocolat.Juste des souvenirs à fleur de mémoire, l'empreinte sur la peau.
En nous un grand foutoir de senteurs, de musique, de mistral, de mirettes, de caresses.
Tout ce qui habille nos années de joie, de lumière.
Tout ce qui nous a fait grandir, là-dedans.
Tu te souviens, tout ça?Je sais même pas quoi t'écrire,
je t'emmène de travers,
je voudrais t'jouer de l'accordéon,
alors que c'est un intrument...Et puis me voilà contrebasse, je coule au sol, m'étends vers le bas, à contre courant sous les mers, je me sens amertume alors que tout scintille.
Mais si le ton est grave, la musique élève..
J'en perds le fil.
Alors quelques notes, que je fredonne encore...
Yalatam, yalatam, yam tam tam...Ma seule chanson sera mes mots,
des mots pour toi mais que je n'dis pas, mes mots carnaval, mal foutus, qui se dissimulent sous le far pour ne pas rougir d'être si vulnérables, si maladroits.
Je préferais te choper la lune, comme ça, la pêcher au bout de mon fil perdu, au bout de ma plume, puis te la poser
là,
juste ici.Tant de fois offerte, cette Lune, dans tous les bouquins, dans tous les baisers, les serments, les silences.
Et pourtant celle que je t'aurais donnée, elle aurait été plus belle encore.
Nue, blanche, fragile.
Juste auréolée d'étoiles, de bijoux.
Des bougies que tu n'aurais pas soufflées, des lucioles pour peupler tes nuits, pour guider tes pas.
Mais je me sens pas à la hauteur.
L'heure tourne quand mes mots tournent en rond.Je vais tout remballer. Mes mots sont poudrés de rêveries, d'illusions, peut être trop bleus, trop faciles.
(Peut être ne les liras tu pas, ne te toucheront-ils pas?)Je voulais te donner de la lumière, t'orner de lambeaux d'espérance, jolis fragments, bien assez pour reconstruire.
Je voulais de la lumière, une braise sous les cils.
J'ai tout fait flamber.
des cendres des cendres, des cendres à la finJ'ai un noeud dans la gorge, je le voudrais autour du cou, du cou de mes faiblesses.
Et si je rêve de partir, bordel mon plus beau
voyage, c'est vous!Oui, j'ai toujours eu envie d'ailleurs. De m'évader. Envie de bateaux de comète de romans d'escapade d'encre de mer d'ancre de mer de mer de mer.
Je n'ai pas coulé.
Pourtant c'était pire qu'un nauffrage.Si j'ai choisi si loin, c'était pour vous fuir, pour me fuir, me carapacer dans du rêve, dans des idées, des combats, des montagnes.
Toutes ces étoiles.Ces trucs qui font grandir, font oublier les larmes de gosse, les angoisses, la mélancolique solitude.
Oublier la honte.Finalement je ne pars pas sans vous, finalement je ne pars pas sans toi.
Je vous porte en moi, je ne dis rien mais je gribouille.
Des pages blanches, des horizons.Tes dix-neuf ans qui soudain débarquent, et tu as vu jusqu'où ça nous mène, nous entraîne?
Il ne te reste plus qu'à t'élancer, encore, toujours.
Avant de partir, un regard vers l'arrière, valse et contre-temps.
On rebrousse chemin, une belle vue sur l'espoir d'ici bas, une si belle vue...*